Depuis 1992, chaque mercredi à midi, des manifestants se retrouvent devant l’Ambassade japonaise à Séoul, en Corée du Sud. Ces manifestants demandent justice face aux faits exercés principalement durant la Seconde Guerre mondiale. Ces crimes ont été infligés à des femmes coréennes, souvent mineures, appelées “halmeoni”, ou encore femmes de réconfort. Ce terme, euphémisme employé par le Japon, est très contesté par les organisations coréennes qui exigent du gouvernement japonais des excuses formelles et des réparations. Ils préféreraient également que le terme de « femmes de réconfort » (traduit du japonais « 慰安婦 » - ianfu) soit remplacé par celui d’« esclaves sexuelles ».
Mais quelle est l’histoire des halmeoni ?
En 1932, la Corée est une terre japonaise depuis son annexion et le régime militaire conservateur japonais met en place son expansion dans une partie de l’Asie. C’est alors sous le prétexte d’éviter le viol de nombreuses femmes japonaises durant la guerre par les soldats japonais, mais aussi sous celui d’éviter la propagation de nombreuses maladies vénériennes, que de nombreuses « stations de confort » se développent partout dans les zones de dominations coloniales comme la Chine par exemple. C’est à partir de 1937 que l’Armée impériale japonaise “recrute” des jeunes femmes de manière extrême. Ces femmes sont majoritairement originaires de Corée et proviennent des dominations coloniales japonaises les plus pauvres. Elles étaient alpaguées par la promesse d’une vie meilleure au Japon ou alors elles étaient tout simplement kidnappées. Dès lors, elles étaient emmenées dans ces « stations de confort », où elles étaient violées plusieurs fois par jour pour satisfaire les soldats japonais. Si elles exprimaient une once de refus, elles étaient battues.
En quelques dates
Les femmes de réconfort étaient des esclaves sexuelles de la fin des années 30 jusqu'en 1945. Le terme “femmes de réconfort” est utilisé par celui qui est à l’origine de ce crime ; le Japon. Les premières stations de réconfort ont vu le jour en 1937 durant la guerre sino-japonaise, se basant sur le même principe que celles établies depuis 1932 en Chine. Ces stations sont censées limiter les viols causés par les militaires japonais dans les zones qu’ils vainquirent. Une dizaine de femmes étaient regroupées dans les près de 2 000 stations de réconforts (connues) répartis en Asie et ses îles. Ces maisons avaient des heures d’ouvertures et les femmes avaient des jours de repos durant leurs menstruations et un traitement contre les maladies vénériennes. Elles subissent des violences sexuelles, corporelles et psychologiques. Leurs conditions de vie bafouent les droits de l’Homme.
Ces femmes étaient bien souvent célibataires et mineures. On les recrutait pour des postes de serveuses, cuisinières ou pour faire des lessives qui n'étaient qu’un mensonge. Ces dernières étaient originaires des pays contrôlés par l’armée japonaise ; la Corée, Birmanie, Philippines, Chine, Indonésie et Indes néerlandaises. Les sources estiment que ce sont entre 179 000 et 220 000 femmes qui ont subi ces crimes. Très peu d'entre elles ont pu prendre la parole pour dénoncer les agissements du Japon. A la fin de guerre, certaines victimes ont été mises en retrait du reste de la société.
En Corée, les dernières femmes de réconforts encore en vie habitent dans des maisons pour femmes de réconforts. Elles y sont prises en charge et protégées. Près de soixante-dix-huit ans après la fin de la guerre, le Japon ne reconnaît toujours pas son crime. Nombreuses sont celles qui ont pris la parole pour dénoncer les actes qu’elles ont subis et pour faire connaître leur histoire.
Depuis 1992, chaque mercredi à midi, de nombreux.ses coréen.ne.s manifestent au pied des statues des femmes de réconfort pour faire entendre leurs droits et leur mémoire. La première manifestation a eu lieu lors de la visite du premier ministre japonais en Corée, en vain. Les statues se situent dans les grandes villes coréennes en l’honneur des femmes de réconforts. Une de ces dernières a été placée face au consulat japonais à Séoul. Sa localisation déplait fortement aux japonais qui ont réclamé son enlèvement sans grande réussite. Elle s’y trouve toujours à ce jour.
En 2015, le Japon a proposé un accord à la Corée du Sud, incluant une somme d’argent en échange et reconnaissant le rôle de son pays dans ce crime. Les femmes des réconforts ont refusé cet accord voyant dans ce dernier, une tentative d’achat de leur silence. Les relations entre les deux puissances sont fragiles depuis la fin du XIXème siècle et la colonisation qui s'ensuivit. Le crime envers les femmes de réconfort complique les rapports des deux voisins.
Alors que celles que l’on appellent affectueusement les halomni en Corée, s'apprêtent à donner leur dernier souffle, le Japon ne reconnaît toujours pas ce qu’il leur à fait subir. L’histoire de ces femmes et de leurs vécus est donc plus que jamais remise en question.